Pour découvrir Frédéric Andrès, voilà une jolie manière : pousser les portes de son antre,  l’Atelier Saint-Martin à Morillon.
L’artisan maître ferronnier d’art y dessine, crée, forge et donne naissance à des œuvres uniques, dans les règles de l’art, dans la pure tradition des compagnons du Tour de France, et avec son cœur ; un art qui a reçu de belles distinctions et qu’il transmet aujourd’hui.

Rencontre avec un artiste de Morillon.  

Dans son atelier niché à l’entrée de Morillon, Frédéric Andrès crée et réalise des ouvrages d’art sur mesure, dans le respect du savoir-faire acquis chez les compagnons du devoir et avec son esprit de bâtisseur.
La ferronnerie est l’art et la technique du travail du fer à la forge, à l’étampe ou au marteau. Chaque pièce imaginée et forgée à l’Atelier Saint-Martin est unique. Escaliers et portails monumentaux entre autres naissent sous l’œil du roi Salomon et de maître Jacques, symboles des lieux et du compagnonnage. La dernière rampe d’escalier en fer forgé a nécessité 300 heures de travail ; elle sera le bijou d’une grande demeure à Sallanches. 
« Des particuliers viennent avec des modèles, d’autres font appel à ma créativité artistique. Et on tient à bien faire les choses ; chaque client étant invité à suivre les étapes de la création et de la fabrication » explique-t-il.
Il travaille la forge à l’ancienne et à la française. Il consacre sa vie à créer, à forger et à ornementer, à servir le beau. Et pour être ferronnier d’art, il convient, non seulement de maitriser la technique et la matière, mais aussi d’être doté d’une profonde connaissance de l’art et de son histoire, et avoir acquis un savoir-faire auprès de ses pairs.
« Chaque chantier c’est un défi et chaque pièce est unique  et j’apprends encore au contact des jeunes que je forme et qui fourmillent d’idées ! » souligne-t-il.

Partager et transmettre ce qu’il a appris est au cœur de la vie de Frédéric Andrés : un engagement. 

Le devoir de transmission

Son art, il le transmet avec passion à ses apprentis dont l’un d’entre eux, Camille Sennegon, fut élu « Meilleur Apprenti de France en serrurerie-métallerie » dans la catégorie Serrurerie-Métallerie en 2020 avec 3 médailles d’or et une note de 19,5/20 en janvier 2021, médaillé d’or à tous les niveaux : national, régional et départemental.
Fierté absolue pour son maître, qui l’a accompagné dans la réalisation de l’œuvre victorieuse et le guide au quotidien dans l’apprentissage de son art de la ferronnerie :
« J’accueille des apprentis car moi aussi j’ai été comme eux, quand j’ai commencé à 15 ans à Saint-Etienne ; j’essaie de leur donner des fondations solides. Ils auront ça au bout des doigts ! Mon devoir de mémoire de transmettre ce que j’ai appris me parait normal, dans le respect d’un état d’esprit de la tradition. On est des bâtisseurs » avoue humblement Frédéric Andrès, qui a hérité la passion du patrimoine bâti qu’il contribue à restaurer, de son père, artisan menuisier. 

Artisan dans le sang et compagnon par passion

De son père, Jacques Andrès, Frédéric a hérité la passion pour le bâtiment, le savoir-faire pour l’artisanat et l’esprit d’entreprendre :
« J’ai grandi en caravane et ma salle de jeux, c’était les chantiers dans les années 60 où mon père travaillait comme artisan menuiser. J’ai arrêté l’école en 5e et j’ai appris un métier ». Et après 3 années en apprentissage à la Giroudière dans la vallée de la Brévenne, Frédéric Andrès embarque pour un Tour de France ; pour un voyage fraternel de 5 ans entouré de compagnons qui l’aideront à déployer son art et à en acquérir toute la noblesse.
« C’est de ces inspirations du passé et de la tradition à la Française, dont l’impulsion créatrice me fut transmise par les anciens pendant mon Tour de France à l’Association Ouvrière des Compagnons Serruriers du devoir, que je travaille le métal et notamment le fer et le laiton que j’aime marier ».
Et l’artiste donne vie à ses œuvres à l’Atelier Saint-Martin, dont le blason représente les clés de Saint-Pierre, serrurier du devoir, et dont le nom fut inspiré par un ancêtre du 17e siècle, Martin Andrès ;  atelier qu’il ouvre il y a 12 ans dans le Haut-Giffre, vallée natale de sa femme originaire de La Rivière-Enverse. 

Sélectionné pour la restauration de Notre-Dame de Paris 

Frédéric Andrès confie avoir appris à souder à la forge au miroir et acquis sa veine artistique en observant le patrimoine de France au gré de balades d’observation ; patrimoine de France qu’il contribue à restaurer.
Il fut présélectionné avec des ferronniers du GMH, Groupement des Entreprises de Restauration de Monuments Historiques), pour participer à l’appel d’offre de la restauration et rénovation des ferronneries sur site de Notre-Dame de Paris, une belle reconnaissance.
Depuis 2003, une quinzaine de distinctions saluent le savoir-faire de Frédéric Andrès dont l’atelier, reconnu Atelier d’Art de France en 2015 et labellisé entreprise du patrimoine vivant, a intégré le Groupement des entreprises de restauration des Monuments Historiques en juin 2020 ; une première en Haute-Savoie et ils ne sont que 10 en France. Une distinction rare qui fait la fierté de Frédéric Andrès, artiste ancré dans la vallée du Haut-Giffre. Tout comme les 3 médailles d’or de son apprenti.

Une belle âme engagée dans l’excellence à la française et qui s’émerveille, avec ses yeux bleus, de la vue du Criou depuis son atelier. « On n’a pas besoin d’aller loin pour se dépayser » conclut-il. 

Propos recueillis par Laure Béchade, journaliste

Portrait réalisé par Gérard Gachignard