Né skis aux pieds, l’enfant de la vallée suit les traces de son père, Bruno Pezet, moniteur à l’ESF de Morillon. Il faut dire qu’ici, sur les pistes du Grand-Massif, on glisse de bonheur et de bonne heure. Mais c’est en ski freeride qu’il fait sa trace et ouvre sa voie pour exprimer son art et faire briller son talent dans le grand blanc.
Portrait de l’étoile montante du freeride français et de sa brillante ascension. 

C’est à la maison que Maxime Pezet prend goût au hors-piste avec son complice de glisse, son papa Bruno : plaisir immédiat et liberté savourée en dehors des piquets. 
Pour affûter ses « runs », il s’inspire des champions dont il décrypte les vidéos et qu’il dépassera un an plus tard, mais cela il ne le sait pas encore…
Son père l’inscrit sur le circuit junior freeride Europe/Océanie, avec une première course aux Arcs.
« J’ai été marqué par l’ambiance, loin de l’individualité sur les compétitions que j’ai pu connaître avant. Sur une course de freeride, chacun repère sa ligne sur la face à rider mais on se conseille, pour qu’on assure tous le show ! » confie-t-il.
Changement de repères pour l’ancien skieur alpin du club de Morillon ; car il ne s’agit plus de passer des portes mais d’ouvrir une voie pour « rider ».
En mars 2019, il s’offre la 1ère victoire !
Le décor est planté, c’est sur Maxime qu’il faudra désormais compter. 
A Nendaz, sur la 3e étape du circuit, il se sent pousser des ailes ; en Suisse le freeride est légion !
« A l’annonce des résultats, je n’ai pas entendu mon nom ; mon père me tape sur l’épaule en me disant qu’il faut aller sur le podium. Je ne le croyais pas, moi qui venait de débuter »  dit-il timidement.
Rêve éveillé, direction les étoiles, pour décrocher la sienne de bonne étoile. Ce jour-là, il prend conscience de son talent, sur la plus haute marche du podium devant ou plutôt aux côtés des leaders qu’il admire.
Résultat : 1ère saison, 3e français, 8e classement européen et ce, sans pression.
Reconnu par ses pairs, on l’invite à Verbier : « J’ai été invité pour challenger les autres et faire du spectacle ; impressionnant car c’est la finale de la Coupe du monde, grosse énergie ! Je suis badgé comme un rider ; c’est bon j’ai ma place, j’ai le droit d’être là ».

« C’est bon, j’ai ma place »

maxime pezet

Le « montagnard » du freeride  

Au gré des courses, Maxime Pezet affine son style de « montagnard » ; son père et son acolyte, Franck Bouzereau, coachs de la première heure, le baptisent ainsi. Ses bons appuis acquis en ski alpin lui offrent  une glisse fluide et assurée pour sauter des barres rocheuses imposantes. Reste à travailler ses figures ; car sur certaines courses, elles valent de l’or.
Seb Michaud devient alors son coach. Avec le champion habitué du Freeride World Tour, il apprend et entre dans sa 2e saison, qualifié pour les championnats du monde.
« Je franchis encore un palier, une autre étape pour atteindre mon sommet, à Kappl en Autriche. Avoir mon nom écrit sur un dossard, c’est comme avoir gagné ! » explique-t-il encore émerveillé. Mais il chute ; c’est décidé il va travailler son 3.6, en s’entrainant sur la moindre bosse du Grand Massif !
A mi-saison, retour en Autriche et il sort « le plus gros saut écart old school » comme il dit : à nouveau sur la première marche du podium.
Ce passage dans la cour des grands vaut aussi dans sa vie d’étudiant ;  il intègre un IUT génie mécanique et productique à Annecy-le-Vieux et continue de s’entrainer tout près, à La Clusaz avec Seb Michaud.
Pour l’entrainement, il ride aussi sur son domaine : « Mes spots favoris ce sont sous Désert Blanc à Flaine car en un seul run j’arrive à faire 4 gros sauts d’affilée dans la même ligne, et la Combe de Vernant avec ses barres rocheuses de dingue que je skie toujours avec l’équipement de sécurité ; j’aime aussi mes séances freestyle avec les copains et les grands virages dans la poudreuse » confie-t-il.
Et l’été ? Il s’entraine en montant « chargé à bloc » au Refuge Alfred Wills dont son père est le gardien et où il travaille ; il y a grandi, c’est son refuge à lui.
Le skate est aussi entré dans sa vie, tout comme la slackline, une alliée pour la proprioception, et le parapente, pour ouvrir sa vision. 
Sa 3e saison, signant son entrée en circuit adulte et sur des courses médiatisées, fut morcelée par les phases de confinement.
A suivre : la 4e saison de Maxime, fierté de son village, Châtillon-sur-Cluses, et de toute la vallée du Haut-Giffre.
Objectif ?  Entrer dans les 3 premiers mondiaux pour accéder au mythique Freeride World Tour. Une année stratégique : validation du diplôme ET de sa position de champion français du ski freeride.

Propos recueillis par Laure Béchade, journaliste

Portrait réalisé par Gérard Gachignard